Tu viens de devenir maman ou tu vis ta première grossesse, et voilà qu’autour de toi, les conseils fusent, pas toujours alignés sur ta vision de la maternité.
Allaitement, cododo, portage, éducation bienveillante, langue des signes pour bébé… ta petite voix intérieure te dit que le maternage proximal, c’est peut-être ce qu’il vous faut à toi et ton (futur) enfant.
Mais il est parfois difficile d’assumer son choix quand on n’a pas de modèle de parentage proximal autour de soi, ou que cette manière de vivre la parentalité est incomprise par l’entourage.
Alors, qu’est-ce que le maternage proximal, d’où vient cette théorie ? Quels sont ses principes, ses bienfaits ? Y a-t-il des risques ? Et comment oser faire autrement, dans une société où ce type de parentalité n’est pas la norme ? Voilà ce que je te propose d’explorer dans cet article !
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Le maternage proximal, qu’est-ce que c’est ?
Le maternage proximal est une approche parentale centrée sur l’écoute constante des besoins du nourrisson. Il repose sur la conviction que la proximité physique et la proximité émotionnelle entre le parent et l’enfant favorisent son développement global et la construction d’un lien d’attachement solide.
Cette manière de penser la parentalité s’appuie sur la théorie de l’attachement développée par le psychanalyste anglais John Bowlby dans les années 1950. Ses travaux ont mis en lumière combien la relation affective construite dans la petite enfance influence durablement le développement émotionnel, social, et même cérébral de l’enfant.
Cette approche a ensuite été reprise et rendue plus concrète par le pédiatre américain William Sears, avec « l’attachment parenting » (que l’on peut traduire par «parentage proximal» . Il a popularisé un ensemble de pratiques centrées sur la réponse aux besoins fondamentaux du bébé : peau à peau, portage, allaitement, cododo, réponse rapide aux pleurs, etc.
Parmi les méthodes associées au maternage proximal, on retrouve des pratiques éducatives qui visent à répondre rapidement et avec bienveillance aux besoins de l’enfant.
Cela peut être vu de l’extérieur comme une relation fusionnelle avec son bébé. Pourtant, ce sont surtout des pratiques qui existent partout dans le monde, et considérées comme naturelles dans bien des familles.
Plus que des pratiques de soin, c’est avant tout une attitude d’empathie, une volonté de prendre soin et d’écouter son enfant.
Par conséquent, le maternage proximal est aussi une invitation à remettre en question certaines pratiques éducatives héritées, comme le fait de laisser pleurer, ou penser qu’un enfant doit être trop collé à sa mère pour « bien grandir ».
💡 À savoir
Le maternage proximal, ce n’est pas en faire toujours plus. C’est même une forme d’économie de temps et d’énergie. Quand un bébé se sent compris et sécurisé, il pleure moins, dort mieux et tout le monde vit ses journées plus sereinement.
En quoi consiste le maternage proximal au quotidien ?
Beaucoup de familles le mettent en œuvre de façon intuitive, sans forcément le nommer ainsi. Alors même si tu vas trouver ci-dessous une liste de « pratiques » associées au maternage proximal, garde bien à l’esprit que materner, c’est tout sauf une liste de cases à cocher !
Ce que l’on va souvent retrouver dans les familles qui le pratiquent, c’est :
- L’allaitement à la demande (et souvent prolongé), avec des tétées libres, qu’elles soient nutritives ou affectives (Recommandations de l’OMS : 6 mois d’allaitement exclusif, puis diversification tout en continuant l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans, voire plus).
- Le peau à peau, pour l’effet rassurant de l’odeur et de la chaleur de la mère ou du papa sur le nouveau-né.
- Le cododo ou sommeil partagé, qui consiste à faire dormir l’enfant dans la chambre parentale ou dans le lit parental (pratique validée par l’Organisation mondiale de la Santé, notamment dans le cadre de la prévention du risque de mort subite du nourrisson). 1
- Le portage physiologique, qui apaise les bébés parce qu’il leur rappelle leur vie intra-utérine, donc diminue les pleurs, régule les fonctions vitales, soutient le développement postural de bébé et favorise son éveil au monde.
- La motricité libre, qui rime avec liberté de mouvement laissée à l’enfant, et respect de sa physiologie puisqu’il n’y a ni stimulation forcée ni position contrainte.
- Le bain libre, où, là encore, la liberté de mouvement et d’exploration de bébé est respectée.
- La DME (diversification menée par l’enfant), quand, vers 6 mois, bébé découvre de façon autonome les aliments solides, sans passer par l’étape des purées et des cuillères tendues par l’adulte.
- L’hygiène Naturelle Infantile (HNI), une technique d’éducation à la propreté qui consiste à ne pas adopter l’usage systématique des couches.
- Les massages bébé, comme le massage Shantala, qui permettent de renforcer le lien parent-bébé, d’apaiser les tensions et de stimuler en douceur le développement sensoriel et corporel de l’enfant.
- La communication non violente, ou toute autre forme de communication basée sur le principe que l’enfant est un être à part entière, et que ses réactions et ses comportements doivent être mis en perspective avec ses capacités cognitives (les mots « crise », « caprice » ou « bêtise » ne sont pas adaptés à la réalité émotionnelle et au développement cognitif d’un jeune enfant).
- La langue des signes bébé, pour favoriser la communication préverbale. Grâce aux signes, le tout-petit peut exprimer ses besoins avant de savoir parler. Et quand l’adulte signe tout en parlant, bébé comprend plus facilement. Un vrai plus pour la complicité et la compréhension mutuelle !
Quels sont les bienfaits du maternage proximal ?
Difficile de tous les citer, alors voici les bienfaits qui sont validés par les études scientifiques :
- Un adulte qui apporte une réponse rapide et constante aux besoins de son nourrisson l’aide à développer sa sécurité intérieure. Cette proximité régulière renforce le lien parent-enfant et contribue au bon développement affectif et cognitif de l’enfant. Cette sécurité intérieure les aide à réguler leurs émotions, à développer leur empathie et à établir des relations de qualité.
«Toutes les expériences affectives, relationnelles vécues par l’enfant durant ses premières années de vie vont s’imprégner au plus profond de lui, dans son cerveau […]. L’empathie, le maternage (prendre soin, rassurer, consoler), et également le stress ont des effets extrêmement importants sur le cerveau de l’enfant.»
Catherine Gueguen, pédiatre, Développement de l’enfant, l’apport des neurosciences, Santé Publique France
- Sur le plan du développement psychomoteur, la motricité libre favorise l’exploration corporelle en douceur. L’enfant apprend à connaître son corps, développe sa coordination et construit peu à peu sa motricité.
- Le sommeil de la mère allaitante et celui du bébé est amélioré grâce au cododo : la proximité pendant la nuit permet à la maman de préserver son sommeil tout en répondant aux besoins nutritifs et affectifs de bébé.
- Côté alimentation, l’allaitement à la demande permet de répondre aux besoins nutritionnels et affectifs du bébé. La diversification menée par l’enfant (DME) encourage quant à elle l’autonomie à table, le respect des signaux de satiété et le développement de la motricité fine.
- À plus long terme, les enfants qui grandissent dans un environnement de maternage proximal développent souvent un attachement sécure. Cela signifie qu’ils se sentent suffisamment en sécurité affective avec leurs figures d’attachement pour oser explorer le monde librement. Ils savent qu’ils peuvent revenir en « lieu sûr » vers un adulte à l’écoute et disponible en cas de besoin.
«Un enfant élevé avec bienveillance, empathie, que l’on aide à se connecter à ses émotions, à les exprimer, va devenir lui-même empathique, sociable et ne développera pas des comportements agressifs et antisociaux.»
Catherine Gueguen, pédiatre, Développement de l’enfant, l’apport des neurosciences, Santé Publique France
- Contrairement aux idées reçues, le maternage proximal ne freine pas l’autonomie de l’enfant, sa confiance en soi ou son ouverture au monde. Au contraire, il contribue à lui créer une base affective solide sur laquelle il peut s’appuyer. Ce sont généralement des enfants confiants, curieux, sociables et qui aiment le contact humain.
📚 Ces constats sont également ceux des chercheurs qui se sont penchés sur les effets des techniques de maternage. Une étude menée en 2011 a montré que les enfants allaités pendant 4 mois ou plus présentaient à l’âge de 1 et 3 ans de meilleures compétences en motricité fine et une communication plus développée.
Une autre étude publiée en 2022 dans l’Academic Journal of Pediatrics & Neonatology s’est intéressée aux effets du portage pendant les premiers mois de vie. Les enfants portés régulièrement ont montré de meilleurs signes de régulation émotionnelle, une compétence clé dans la construction de relations saines et dans l’adaptation sociale.

Quels sont les risques du maternage proximal ?
Maternage proximal ≠ perfection parentale
Le maternage proximal peut être vécu comme un idéal à atteindre. Or, s’imposer des pratiques qui ne nous conviennent pas, penser qu’il faut être toujours disponible et en oublier de répondre à ses propres besoins peut mener au burn-out parental.
Le maternage proximal n’est pas une injonction à être une « maman parfaite ». Et encore moins une incitation à développer de la culpabilité ou de l’anxiété à l’idée de ne pas en faire assez pour son tout-petit. Au contraire, c’est plutôt une invitation à renouer avec ses envies profondes.
Pourquoi le maternage proximal fait débat ?
Parce que dans un système qui valorise le retour précoce des mères au travail, le maternage proximal détonne.
Porter son bébé, dormir avec lui, répondre à ses pleurs sans attendre, rester près de lui ses premiers mois, prolonger son congé maternité, poursuivre l’allaitement jusqu’au sevrage naturel… Toutes ces pratiques sont perçues par certaines personnes comme excessives, voire inquiétantes.
Le fait d’être très disponible émotionnellement pour son bébé peut aussi être difficile à comprendre par les générations qui ont reçu une « éducation à l’ancienne », dans laquelle un enfant qui est écouté devient un être capricieux.
Enfin, certaines mères font même parfois face à des remarques « psychanalytiques » sous-entendant par exemple qu’il est malsain d’allaiter son enfant trop longtemps. La Leche League a publié un article sur le sujet, qui démontre qu’au contraire, la psychanalyse, l’allaitement et le maternage font bon ménage !
Alors, la vraie question serait peut-être celle-ci : pourquoi la société considère-t-elle qu’il y a un risque à s’engager pleinement dans une parentalité basée sur l’écoute, la réponse émotionnelle et l’empathie ?
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Comment pratiquer le maternage proximal ?
Il n’existe pas une seule façon de materner son bébé. Certaines familles s’appuient sur des pratiques concrètes, d’autres le vivent de manière plus intuitive. L’essentiel, c’est que cela ait du sens pour toi, pour vous.
Un lien au quotidien, pas une méthode à suivre à la lettre
Il s’agit avant tout d’adopter une approche bienveillante, fondée sur l’écoute des besoins de son bébé.
Cela peut passer par l’allaitement long, le cododo, le portage, le massage, la DME, la motricité libre, la langue des signes pour bébé, la communication bienveillante, etc.
Mais toutes ces techniques doivent être choisies librement, par conviction et parce qu’elles font également écho à tes besoins et tes envies de jeune mère.
Ce n’est pas tant une méthode qu’une manière d’être, d’observer, d’ajuster et de rester connectée à ce que vit son enfant. Et n’oublions pas qu’être maman c’est aussi essayer, se tromper, recommencer, évoluer…
Maternage proximal et coparentalité : quelle place pour l’autre parent ?
Le maternage proximal ne repose pas uniquement sur la mère. Pour beaucoup de familles, cela passe par :
- Répartir les rôles, afin que chacun puisse être impliqué, à sa manière, dans les soins, les temps de présence, les nuits, l’écoute émotionnelle, etc ;
- Créer une continuité de présence et de proximité, que ce soit dans le portage, l’endormissement, les rituels ou les moments de jeu. Chaque parent peut tisser un lien fort avec l’enfant.
Qu’est-ce que le maternage proximal : pour résumer
- C’est une approche basée sur la réponse rapide et constante aux besoins fondamentaux de bébé.
- Elle promeut une proximité physique et émotionnelle au quotidien.
- Les neurosciences ont aujourd’hui démontré que le maternage proximal, à travers des pratiques comme le portage, le cododo ou l’allaitement à la demande, contribue au développement global de l’enfant, qu’il soit moteur, émotionnel ou cognitif.
- Il ne s’agit pas de suivre une méthode stricte, mais d’écouter son instinct.
- Il s’adapte à chaque famille, selon ses besoins, ses limites et son rythme.
- Les pères et les coparents ont toute leur place dans cette relation de proximité.
- C’est aussi un chemin pour remettre en question certaines normes éducatives encore bien ancrées.
Sources :
- https://caf.fr/allocataires/vies-de-famille/articles/cododo-des-bienfaits-pour-toute-la-famille
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